Au cœur de l’océan Atlantique, une île volcanique espagnole de 270 km² défie tous les records environnementaux. El Hierro, la plus petite et occidentale des Canaries, abrite seulement 7 700 habitants mais révolutionne notre vision de l’autonomie énergétique insulaire. Depuis 2014, cette terre volcanique culminant à 1 501 mètres au Pico de Malpaso expérimente l’impossible : fonctionner presque exclusivement aux énergies renouvelables grâce au projet Gorona del Viento.
Cette prouesse technique unique au monde combine énergie éolienne et hydroélectrique dans un système révolutionnaire. Lorsque les vents soufflent, cinq éoliennes de 2,3 MW alimentent l’île et actionnent des pompes qui remontent l’eau de mer vers un réservoir naturel situé 700 mètres plus haut. En période de calme, cette eau redescend pour alimenter cinq turbines hydroélectriques de même puissance.
Les performances sont spectaculaires : l’île a déjà fonctionné 1 974 heures consécutives, soit 82 jours, en totale autonomie énergétique. Un record mondial pour un territoire insulaire de cette taille, confirmé par les données officielles du consortium ESPES.
Le secret géologique d’une révolution énergétique
La géographie exceptionnelle d’El Hierro explique ce succès technologique. Il y a 50 000 à 130 000 ans, un effondrement cataclysmique du volcan El Golfo a créé une dépression spectaculaire bordée de falaises vertigineuses de plus de 1 000 mètres. Cette formation géologique unique offre le dénivelé parfait pour le système de stockage gravitaire de Gorona del Viento.
Une topographie volcanique exceptionnelle
L’ancien cratère transformé en réservoir supérieur stocke 150 000 m³ d’eau de mer, créant une capacité théorique de 270 MWh. Cette configuration naturelle évite la construction d’infrastructures lourdes tout en préservant les ressources en eau douce de l’île. Un avantage majeur souligné par les ingénieurs du projet qui utilisent exclusivement l’eau salée dans leur processus.
Les vents atlantiques comme moteur principal
Les alizés constants de l’Atlantique génèrent une production éolienne régulière, particulièrement efficace en hiver où l’autonomie atteint 80 à 100%. Même durant les périodes moins ventées de l’été, le système maintient 30 à 50% d’indépendance énergétique, un taux remarquable pour une île isolée.
Les bénéfices concrets d’une île pionnière
Cette autonomie énergétique transforme la vie quotidienne des habitants d’El Hierro. Les formations volcaniques des Canaries offrent des conditions géologiques favorables, mais El Hierro reste unique par son approche systémique.
Une biodiversité préservée par l’innovation
Classée Réserve de Biosphère UNESCO depuis 2000, l’île protège 101 espèces endémiques, dont le célèbre lézard géant Gallotia simonyi. Ces reptiles uniques, redécouverts en 1974 après avoir été crus éteints, bénéficient directement de la réduction des émissions polluantes. Leur population a grimpé à 15 000 individus grâce à cette approche environnementale globale.
Un modèle économique durable
L’autonomie énergétique réduit drastiquement les coûts d’importation de carburants fossiles. Les économies réalisées financent des programmes de conservation de la laurisylve, cette forêt tertiaire unique qui couvre les hauteurs de l’île. Contrairement aux autres îles volcaniques de l’archipel, El Hierro mise sur la durabilité plutôt que le tourisme de masse.
L’expérience unique d’une île révolutionnaire
Visiter El Hierro révèle un territoire où innovation et nature s’harmonisent parfaitement. Les sentiers de randonnée serpentent entre éoliennes et forêts anciennes, offrant des panoramas saisissants sur l’océan depuis les falaises d’El Golfo.
Observer le système énergétique en action
Le centre d’interprétation de Gorona del Viento propose des visites guidées expliquant le fonctionnement du système. Vous découvrez comment les 11,5 MW d’éoliennes et les 11,5 MW d’hydroélectricité se coordonnent automatiquement selon les conditions météorologiques. Un spectacle fascinant de technologie verte en action.
Une destination authentique préservée
L’île maintient volontairement un tourisme limité pour préserver son équilibre écologique. Contrairement aux destinations naturelles surinvesties, El Hierro offre une expérience authentique où chaque visiteur peut apprécier la tranquillité d’un environnement préservé.
Ce qu’il faut retenir de cette révolution verte
El Hierro prouve qu’une île isolée peut atteindre l’indépendance énergétique sans sacrifier sa biodiversité ni son authenticité. Ce modèle inspire désormais d’autres territoires insulaires dans le monde entier. La combinaison unique de géologie volcanique, innovation technologique et volonté politique crée un laboratoire grandeur nature pour l’avenir énergétique.
Cette île volcanique de 7 700 habitants trace la voie vers un futur où autonomie énergétique et préservation environnementale ne s’opposent plus, mais se renforcent mutuellement. Un exemple concret que la transition écologique est possible, même dans les territoires les plus isolés de la planète.
Questions fréquentes sur l’autonomie énergétique d’El Hierro
Comment fonctionne exactement le système Gorona del Viento ?
Le système combine éoliennes et centrales hydroélectriques. Quand il y a du vent, l’électricité produite alimente l’île et pompe l’eau de mer vers un réservoir en altitude. Sans vent, cette eau redescend pour actionner des turbines et produire de l’électricité.
El Hierro est-elle vraiment 100% autonome en énergie ?
L’île atteint une moyenne annuelle de 48% d’autonomie, avec des pics hivernaux de 80-100% et des minimums estivaux de 30-50%. Elle a maintenu 100% d’autonomie pendant 82 jours consécutifs, un record mondial.
Peut-on visiter les installations énergétiques ?
Oui, le centre d’interprétation de Gorona del Viento propose des visites guidées gratuites expliquant le fonctionnement du système et son impact environnemental sur l’île.
Quand visiter El Hierro pour profiter pleinement de l’expérience ?
Le printemps et l’automne offrent les meilleures conditions climatiques pour découvrir l’île. L’hiver permet d’observer le système énergétique à son efficacité maximale grâce aux vents plus soutenus.




