En septembre 1956, deux cinéastes américains posent le pied sur les plages de Biarritz avec une planche de surf sous le bras. Dick Zanuck et Peter Viertel ignorent alors qu’ils s’apprêtent à transformer à jamais cette élégante station balnéaire impériale. Venue pour le tournage du film “Le Soleil se lève aussi”, adaptation du roman d’Hemingway, cette équipe hollywoodienne va donner naissance au surf français sur la mythique Côte des Basques. Biarritz devient ainsi le seul endroit en France où l’héritage de Napoléon III et de l’impératrice Eugénie se mélange intimement avec la culture océanique naissante.
Quand la première planche se brise sur les rochers après avoir glissé sous les pieds de Viertel, c’est Georges Hennebutte, surnommé “Géo Trouvetout”, qui vient la réparer. Ce Biarrot passionné devient le premier Français à surfer aux côtés de l’Américain, créant une collaboration franco-californienne unique sur les vagues de l’Atlantique.
À l’été 1957, quatre pionniers fondent officiellement le surf français : Peter Viertel, Georges Hennebutte (futur inventeur du leash), Jacky Rott et Joël de Rosnay. Ces quatre hommes transforment la Côte des Basques en laboratoire d’une nouvelle culture qui va révolutionner l’image de Biarritz.
Le berceau unique du surf européen et sa fusion culturelle
L’héritage architectural Belle Époque face à l’océan
L’Hôtel du Palais, édifié en 1855 sur ordre de l’impératrice Eugénie, domine majestueusement la Grande Plage. Ses façades blanches immaculées et ses balcons ouvragés contrastent désormais avec les planches colorées qui jalonnent le littoral. Cette architecture impériale offre un décor unique au monde pour la pratique du surf, créant une atmosphère où l’élégance historique dialogue quotidiennement avec l’esprit libre des surfeurs.
La Maison du Surf, temple de la mémoire océanique
Créée pour préserver l’histoire de ce sport en France, la Maison du Surf abrite les planches historiques des pionniers et raconte l’évolution culturelle de Biarritz. Ses expositions permanentes révèlent comment une ville balnéaire aristocratique s’est transformée en capitale du surf français. Les témoignages des quatre pionneurs de 1957 y sont précieusement conservés, illustrant cette métamorphose culturelle exceptionnelle.
L’intégration révolutionnaire de la culture basque
Des “tontons surfeurs” à la communauté moderne
Les premiers surfeurs français, surnommés les “tontons surfeurs” (André Plumcoq, Robert Bergeruc, Pierre Laharrague, Joseph et Jo Moraïz, Bruno Reinhardt, Michel Barland), ont créé une communauté unique. Ces pionniers ont intégré les valeurs basques traditionnelles – solidarité, respect de la nature, transmission – dans leur approche du surf.
L’artisanat local réinventé par l’océan
Les artisans basques ont rapidement adapté leurs savoir-faire ancestraux à cette nouvelle culture. Les marchés de Biarritz, traditionnellement remplis de piments d’Espelette et de fromages de brebis, accueillent désormais des créateurs de planches artisanales et des bijoutiers inspirés par les formes océaniques. Cette fusion entre héritage maritime millénaire et modernité surf crée une identité culturelle inédite.
L’expérience sensorielle unique de Biarritz
Une atmosphère multisensorielle incomparable
Dès l’aube, l’air iodé de l’Atlantique se mélange aux effluves de gâteaux basques préparés dans les pâtisseries centenaires. Le bruit hypnotique des vagues qui déferlent sur la Côte des Basques accompagne les rires des surfeurs préparant leurs sessions matinales. Cette symphonie quotidienne entre patrimoine architectural et culture surf contemporaine n’existe nulle part ailleurs en France.
Les compétitions légendaires sur sable impérial
La première compétition internationale de surf français s’est déroulée en 1962 à La Barre, remportée par l’Australien Peter Troy. Aujourd’hui, la Queen Classic perpétue cette tradition en offrant un spectacle unique : des surfeurs de niveau mondial évoluant devant les façades historiques de la Belle Époque. Les vagues exceptionnelles de la côte basque continuent d’attirer les meilleurs riders internationaux.
L’héritage vivant d’une révolution culturelle
De l’élitisme aristocratique à la démocratisation océanique
Le Waikiki Surf Club, créé en 1959, comptait 39 membres actifs dès 1960. Ces premiers pratiquants, issus de milieux aisés, ont rapidement ouvert leur passion aux jeunes locaux. La création de la Fédération française de surf le 16 septembre 1964 a officialisé cette démocratisation, transformant Biarritz en laboratoire d’innovation sociale par le sport.
Aujourd’hui, les géants du surf (Quiksilver, Billabong, Rip Curl) ont établi leurs sièges européens autour de Biarritz, confirmant son statut de capitale. Cette ville unique continue d’incarner l’alchimie parfaite entre tradition française et liberté océanique, offrant aux visiteurs une expérience culturelle impossible à reproduire ailleurs.
Questions fréquentes sur le surf à Biarritz
Quand le surf est-il réellement arrivé en France ?
Le surf arrive officiellement en France en septembre 1956 avec les cinéastes américains Dick Zanuck et Peter Viertel, mais les premières sessions françaises ont lieu en juillet 1957 avec quatre pionniers sur la Côte des Basques.
Pourquoi Biarritz plutôt qu’une autre ville côtière ?
Biarritz combinait des vagues de qualité, une infrastructure touristique développée depuis l’époque impériale et une ouverture culturelle facilitant l’adoption de ce nouveau sport venu de Californie.
Peut-on visiter les lieux historiques du surf à Biarritz ?
Oui, la Maison du Surf conserve l’histoire des pionniers, et la Côte des Basques reste le spot originel où tout a commencé en 1957.
Comment la culture basque s’est-elle adaptée au surf ?
Les artisans locaux ont intégré l’esthétique surf dans leurs créations, les marchés proposent des produits liés à l’océan, et les valeurs basques de transmission et de respect de la nature se retrouvent dans l’éthique surf locale.




